La surveillance épidémiologique du VIH est assurée par l’Institut de Veille Sanitaire à partir des données de la déclaration obligatoire de séropositivité au VIH. Les tendances observées l’an passé sont confirmées cette année, notamment en ce qui concerne l’accroissement des contaminations chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sans que cela ne résulte d’une augmentation du recours au dépistage.
Les données du dispositif de surveillance de l’infection à VIH de l’InVS publiées dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de cette fin d’année sont, comme à l’accoutumée, celles recueillies l’année dernière, à savoir en 2010. D’une manière générale, elles s’inscrivent dans une stabilité des tendances observées un an auparavant. Présenté ici à partir de larges extraits du BEH, ce qu’on doit en retenir pour ce qui concerne principalement les homosexuels (HSH), étant bien entendu que cette catégorisation ne résulte que d’une seule chose : le mode de contamination tel que les personnes qui se soumettent à un test l’ont déclaré.
Pour l’ensemble de la population, le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité vis-à-vis du VIH en 2010 a été estimé à 6 265 à partir des 4 695 notifications reçues à l’InVS au 31 décembre 2010. Chez les HSH, en 2010, le nombre de découvertes de séropositivité a été estimé à 2 500, en augmentation sur la période 2003-2010. L’âge moyen au diagnostic était de 36,5 ans en 2010, sans augmentation depuis 2003. Cette stabilité de l’âge moyen depuis 2003 recouvre une augmentation de la part des jeunes de moins de 25 ans (de 7% à 14%), une diminution de celle des personnes de 25 à 49 ans (de 81% à 73%), tandis que celle des 50 ans et plus est restée stable autour de 12%.
Le nombre de sérologies VIH réalisées en France en 2010 est estimé à 4,98 millions. Ce nombre, qui avait augmenté de 2003 à 2005, atteignant 5,29 millions de sérologies, a diminué en 2006 puis s’est stabilisé. Parmi l’ensemble de ces sérologies, une proportion de 8%, inchangée depuis 2005, a été réalisée dans un cadre anonyme (le plus souvent des consultants de CDAG), soit en 2010 environ 395 000 sérologies. Les laboratoires de ville ont réalisé 77% des sérologies VIH effectuées en 2010, proportion stable depuis 2007.
D’un point de vue régional, le recours au dépistage est plus important dans les départements français d’Amérique et dans une moindre mesure dans les régions Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur. La proportion de sérologies positives est aussi supérieure dans ces régions.
Le motif de dépistage le plus fréquent en 2010 était la présence de signes cliniques (35%), qu’ils soient liés à une primo-infection ou à un stade tardif de l’infection à VIH. Les autres motifs les plus courants étaient une exposition récente au VIH (23%) et un bilan systématique (19%) comme le bilan prénatal. Les HSH étaient diagnostiqués plus souvent suite à une exposition au VIH (31%) et moins souvent lors d’un bilan (8%) que les hommes hétérosexuels (respectivement 18% et 16%).
Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2010, 11% étaient au stade de primo-infection, 62% à un stade asymptomatique, 12% à un stade symptomatique non sida, et 15% au stade sida. Le stade clinique diffère selon le mode de contamination et le pays de naissance. En 2010, les HSH ont été plus souvent diagnostiqués au moment d’une primo-infection (20%) que les hétérosexuels nés en France (9%) ou à l’étranger (3%). La proportion de découvertes au stade sida est comparable chez les HSH (11%) et chez les femmes hétérosexuelles (12%). Cette proportion est plus élevée chez les hommes hétérosexuels (24%) et chez les usagers de drogues (24%). La part des infections récentes parmi les découvertes de séropositivité VIH-1 chez les adultes est de 29% en 2010. Elle est beaucoup plus élevée chez les HSH (44%) que chez les hétérosexuels nés en France (30%) ou chez ceux nés à l’étranger (13%). Elle est plus élevée en Midi-Pyrénées (43%) et en Paca (40%).
Le dépistage comporte une analyse du type de virus rencontré. Si les personnes infectées par le VIH-2 ou le VIH-1 type O concernent presque exclusivement des personnes originaires des zones endémiques de ces virus, c’est de moins en moins le cas pour les variants du VIH-1 type M, le plus répandu sur la planète. Ainsi, le sous-type B, quasiment le seul présent dans les pays occidentaux, en particulier en Europe de l’Ouest, aux premiers temps de l’épidémie, cède progressivement du terrain aux autres sous-types (dits non-B) venus d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Asie où ils sont majoritaires.
La proportion de sous-types non-B a diminué entre 2003 (46% des diagnostics d’infection à VIH-1) et 2005 (38%), puis s’est stabilisée autour de 39% jusqu’en 2010. La part des sous-types non-B a augmenté chez les HSH entre 2005 (14%) et 2010 (20%). Parmi les personnes contaminées par rapports hétérosexuels, cette proportion est plus élevée chez les femmes que chez les hommes, qu’elles soient nées en France (en 2010, 41% vs. 28%) ou à l’étranger (69% vs. 56%). Chez les usagers de drogue, elle est restée très variable d’une année à l’autre, globalement de 27% sur la période 2003-2010.
Les découvertes de séropositivité depuis 2003 montrent une évolution contrastée de l’âge moyen au diagnostic, qui augmente régulièrement chez les hétérosexuels, mais pas chez les HSH. Cette différence reflète à la fois la diffusion plus rapide du VIH parmi les HSH et le fait que la part des jeunes de moins de 25 ans parmi les HSH a augmenté régulièrement depuis 2003, ce qui n’est pas le cas chez les hétérosexuels.
Source :
Dépistage du VIH et découvertes de séropositivité, France, 2003-2010
Françoise Cazein (f.cazein@invs.sante.fr), Yann Le Strat, Josiane Pillonel, Florence Lot, Vanina Bousquet, Roselyne Pinget, Stéphane Le Vu, Denys Brand, Sylvie Brunet, Damien Thierry, Marlène Leclerc, Lotfi Benyelles, Sophie Couturier, Clara Da Costa, Francis Barin, Caroline Semaille
Elles ne reflètent pas non plus les effets possibles des annonces sur les effets préventifs du traitement faites parfois avec tant d’imprudence qu’elles pourraient faire croire que le temps du préservatif est révolu.
En revanche, même à retardement, elles montrent que l’épidémie chez les gays est la seule à rester en progression, qu’elle se rajeunit et qu’elle se diversifie. Le manque cruel de moyens alloués à la prévention gay comme à la prévention en général sont évidemment à mettre en cause, mais aussi la qualité de ce qui est fait. L’absence totale de persévérance d’une information renouvelée envers les nouvelles générations apparaît criante. Enfin, l’augmentation des sous-types non-B du VIH chez les gays atteint des niveaux où l’insouciance face au risque de surcontamination n’est plus possible.