Questionnement scientifique et hypothèses avancées
Méthodologie
Il est possible de disposer d’un répertoire suffisamment vaste de telles séquences et d’établir des filiations probables de transmission dans une population contaminée. En effet, de telles analyses réalisables à partir d’un prélèvement sanguin, appelées tests génotypiques en médecine, sont réalisées quasiment en routine dans certains pays depuis quelques années maintenant, à l’occasion de l’infection primaire, c’est-à-dire moins de 6 mois après séroconversion, mais aussi chez les personnes en infection chronique, tout particulièrement quand ces dernières développent des résistances aux traitements antirétroviraux. Sans rentrer dans les détails, cette résistance est liée à des modifications de séquences de certains gènes viraux – le virus mute pour résister à la pression des médicaments. Il est important de connaître les mutations dans certains gènes viraux pour prescrire le nouveau traitement le plus adapté. C’est le but du test génotypique.
Résultats
Les mêmes analyses conduites chez des personnes en infection chronique – c’est-à-dire infectées depuis plus de 6 mois – et traitées par antirétroviraux indiquent une très faible proportion de regroupements par grappe : sur 660 personnes évaluées (un nombre comparable à celui des personnes en infection primaire), seules 21 se retrouvent dans de tels groupes avec 3 personnes en moyenne par groupe.
Discussion des résultats
La moindre part de la contamination par une personne en infection chronique est mise, par les auteurs, sur le compte de l’accès universel aux soins et aux traitements dans la province québécoise. Les traitements pourraient limiter les risques de transmission en diminuant la quantité de virus dans l’organisme, quantité qui est importante lors de l’infection précoce. Néanmoins, ces quantités ne différaient pas entre les groupes étudiés lors de la réalisation des tests génotypiques qui ont permis d’obtenir les séquences comparatives, notamment chez les personnes en infection chronique et traitées. Ceci n’est pas surprenant dans la mesure où le test génotypique leur a précisément été prescrit à un moment où les traitements n’étaient plus optimaux, donc quand le virus recommençait à être en quantité importante dans l’organisme. Les auteurs avaient aussi à disposition les données des quantités virales chez un très grand nombre de personnes infectées chroniques au Québec (2 328) qui ne nécessitaient pas d’effectuer un test génotypique : les quantités virales sanguines étaient très inférieures, compatibles avec un risque de transmission bien plus faible.
Un autre indice de l’impact des infections chroniques sur les nouvelles contaminations est l’existence de mutations dites de résistance aux traitements dans les séquences transmises : celles-ci étaient aussi relativement rares en infection diagnostiquée comme récente, ce qui conforte les conclusions des auteurs.