DOSSIER THÉMATIQUE : Hépatite C
Tout savoir sur le Virus de l’Hépatite C (VHC)
1. L’hépatite C : c’est quoi ?
Dans le cas de l’hépatite C, c’est le virus de l’hépatite C (ou VHC) qui est responsable d’une infection du foie ; parce qu’elle est causée par un virus, on dit qu’il s’agit d’une hépatite virale. L’hépatite C peut être soit aigüe et durer quelques mois, soit chronique, et affecter le foie pendant des années.
L’hépatite C aigüe est le résultat de la première infection par le virus. Cette infection peut passer inaperçue : elle est souvent asymptomatique [3] ou ne cause qu’un état de fatigue passager.
Lors de ce premier contact, le système immunitaire produit des anticorps contre le virus. Ces molécules sont spécifiques au VHC et restent en circulation dans le sang à vie. Ce sont ces anticorps qui attestent de l’exposition au virus, et qui sont recherchés lors du dépistage : on dit que l’on est séropositif au VHC lorsque ces anticorps sont détectés dans le sérum [4]. C’est parce que, bien souvent, on ne ressent pas les symptômes de l’infection, qu’il faut recourir au dépistage pour savoir si l’on a été contaminé.
- L’hépatite C aigüe
Pour les trois autres quarts des personnes infectées, l’infection progresse et, si le virus est toujours présent 6 mois après l’infection aigüe, on dit que l’infection devient chronique.
- L’hépatite C chronique
1.1 Comment ça s’attrape ?
Une des voies de transmission les plus communes est le partage de matériel d’injection avec une personne séropositive au VHC (seringue mais aussi cuillère, filtre, coton, etc.) quand il y a contact sanguin, souvent indirect. Mais il y en a d’autres.
En France et avant 1992, le VHC pouvait aussi se transmettre lors de transfusions sanguines ou d’interventions chirurgicales mais aujourd’hui les échantillons de sang sont testés et l’équipement stérilisé. D’autres pays ont aussi connu des transmissions du VHC à travers des campagnes de vaccinations, où le matériel utilisé n’était pas stérile ou à usage unique. Si en France, le risque d’infection nosocomiale [7] est aujourd’hui très faible, dans d’autres pays les prévalences d’infection à VHC sont plus élevées et il est recommandé d’être vigilant quant à la stérilité des instruments lorsque l’on doit se faire soigner.
1.2 Quelles sont les situations de prises de risques ?
- Le tatouage et le piercing :
- Prendre des drogues :
> Pour le sniff : les muqueuses des parois nasales sont très fragiles : elles peuvent subir des microcoupures dues à des petits cailloux de produit ou à des pailles rigides. Ces coupures peuvent être une voie d’entrée pour le VHC : Attention à ne pas partager sa paille. Il vaut mieux préférer les pailles souples, à usage unique, roulées à partir de papier (tickets de caisse, post-it, etc.) que l’on écrase après l’avoir utilisé, pour éviter qu’elle ne soit reprise par quelqu’un d’autre plus tard dans la soirée. Attention aussi à bien écraser le produit en poudre fine avant de le sniffer pour éviter les petits cailloux.
> Pour l’injection : Attention à ne partager aucun matériel d’injection (eau, tampon alcoolisé, cuillère, coton, stérifilt, stéricup, seringue, capuchon, mouchoir), à n’utiliser aucun matériel qui a déjà été utilisé. Attention aussi au contact de sang avec les doigts ou le garrot.
> Pour la pipe à crack : il faut éviter les coupures : pendant la préparation (couteau, cutter, embout du doseur ébréché ou coupant) et pendant l’inhalation (brûlures aux lèvres et petites coupures sur les mains peuvent être des voies d’entrée du virus).
- La voie sexuelle :
La charge virale VHC, c’est à dire le nombre de virus qui circulent et qui peuvent infecter une autre personne en cas de contact, est très faible dans le sperme et les sécrétions vaginales. Par contre, attention, elle est significativement plus élevée dans le sang et le sperme d’hommes co-infectés par le VIH.
Les pratiques plus hard, dans les cas où il y a risque de blessures, brûlures, de petites déchirures ou de saignements peuvent être contaminantes s’il y a un contact sanguin entre partenaires ou avec des instruments ou des accessoires contaminés.
Cette voie de transmission par rapports sexuels a fait débat ces dernières années, certains s’en servant pour stigmatiser les pratiques sexuelles gaies hard. Bien qu’un lien entre transmission du VHC et activité sexuelle ait été démontré [8], dont la transmission au sein d’un groupe d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes [9], elle reste faible et dépendante de contacts sanguins. Comme pour l’usage de drogue donc, des précautions sont à prendre pour éviter la transmission. Dans les contacts génitaux, capote et gel lubrifiant, réduisent les risques de saignement des muqueuses ou de la peau, et donc de contamination. Certaines pratiques hard nécessitent plus de précautions que l’on peut résumer ainsi :
> pour l’usage d’objets et de sextoys en contact avec les muqueuses, il ne faut jamais les utiliser sur plusieurs personnes et ils doivent être désinfectés soigneusement après chaque usage. Quand c’est adapté, on peut aussi les recouvrir d’un préservatif pour chaque usage ;
> pour l’emploi d’accessoires susceptibles de blesser ou de fragiliser la peau(cravache, fouet, etc.) la solution la plus simple est d’utiliser des instruments propres à la ou au receveurEUSE, ce qui ne dispense pas de les nettoyer et de les désinfecter ;
> pour le fist-fucking, il faut employer des lubrifiants adaptés en quantité suffisante, propres à chacunE et pour cELLeux qui pénètrent, ne pas forcer le passage mais prendre le temps, avoir les ongles courts et utiliser des gants appropriés, renouvelés pour chaque pénétration ;
> pour l’usage d’objets perçants ou tranchants, le risque est majeur. N’employez que des objets à usage unique, cELLeux qui les utilisent doivent porter des gants, l’environnement doit être propre.
Mais dans tous les cas, ces pratiques nécessitent un apprentissage autant de l’usage que de la sécurité. En la matière, rien ne vaut le partage de l’expérience des plus aguerriEs plutôt que les explorations en terres inconnues.
1.3 Vivre avec une personne séropositive au VHC
Il faut simplement se garder de partager les ustensiles qui auront pu entrer en contact avec des gouttelettes de sang de la personne contaminée, c’est à dire les rasoirs, les brosses à dents, les coupe-ongles, pinces à épiler, etc.
> Le virus de l’hépatite A se transmet par voie oro-fecal, c’est à dire qu’on peut l’attraper en ingurgitant de l’eau ou des aliments qui ont été en contact avec des matières fécales contaminés ou par voie sexuelle, lors d’anulingus (rapports bouche-anus). Il existe un vaccin, aujourd’hui conseillé chez les gays.
> Le virus de l’hépatite B s’attrape par les relations sexuelles ou par le sang, c’est à dire par piqûre, transfusion, contacts sexuels non-protégés, piercing et tatouage non stériles. Il existe un vaccin, lui aussi recommandé pour l’ensemble de la population.
> L’agent delta est un virus incomplet qui provoque l’hépatite D, mais seulement chez les porteurs du virus de l’hépatite B, et touche quasi-exclusivement les usagers de drogue. Il n’existe pas de vaccin.
> Le virus E provoque l’hépatite E, une infection le plus souvent aigüe et bénigne, qui concerne principalement les pays en voie de développement. Les formes sévères sont plus fréquentes chez les personnes immuno-déprimée et les femmes enceintes.
Enfin, d’autres virus de l’hépatite ont été découverts récemment, comme les virus de l’hépatite G [11] (VGC ou GBV-C), TTT ou SEN. Celui de l’hépatite G, par exemple, est proche du virus de l’hépatite C mais il concerne près d’un quart de la population mondiale et ne provoque pas de maladie. Les effets de l’infection sont plus remarquables chez les personnes co-infectées par le VIH, pour qui le cours et le pronostic de l’infection par le VIH peuvent être améliorés [12].
Les chiffres :
170 millions : c’est le nombre de personnes concernées par le VHC dans le monde
3-4 millions : c’est le nombre de nouveaux cas d’infection. Les pays en voie de développement sont les plus touchés.
500 000 : c’est le nombre de personnes touchées en France
5000 : c’est le nombre de nouveaux cas déclarés par an en France
25% : c’est le taux de personnes séropositives au VIH, co-infectées au VHC.
2. Les gays et le VHC
- Les gays et le VHC du 12 décembre 2012
Cet article tente de synthétiser l’ensemble des données recueillies sur les gays et l’hépatite C. Il ne répond certainement pas à tout mais donne une bonne idée des pistes actuelles.
- Hépatite C, VIH et choix sexuels du 23 mars 2013
3. Épidémio et traitement
- Le VHC, prise en charge thérapeutique actuelle du 14 novembre 2019
4. Autres publications
- L’épidémie d’hépatite C s’étend chez les gays séropositifs du 20 mai 2010
5. Bibliographie et documents utiles
En français :
- Institut de Veille Sanitaire (2011) : « Dossier hépatites virales de l’InVS » et « l’hépatite C » (malheureusement plus en ligne à présent).
- Prévalence des hépatites B et C en France en 2004. Meffre C, Le Strat Y, Delarocque-Astagneau E, Antona D, Desenclos JC. Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, mars 2007. 114p.
- Cas d’hépatite aigüe C récents chez des homosexuels masculins atteints par le VIH en Ile-de-France entre 2001 et 2004. Travail collaboratif entre cliniciens de l’AP-HP, épidémiologistes et sociologues du Département des maladies infectieuses de l’InVS, de l’Inserm et de l’université Bordeaux II. Saint-Maurice, 2004.
- Institut National de Prévention et d’éducation pour la santé (INPES) : Les pages hépatites
- INPES et Hépatites Info Service (0800 845 800) : « Sexe entre hommes et hépatite C, ce qu’il faut savoir »
- Ministère de la Santé « Plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012 »
- SOS hépatites (2011) « Le foie et les hépatites »
- Asud (2009) « L’hépatite C »
En anglais :
- Center for Disease Control (2012) « Viral hepatitis »
Notes du dossier :
[1] Hépatite vient du grec « hépar » (foie) et « ite » (inflammation) – et veut donc dire « inflammation du foie »
[2] Le foie est un organe qui filtre le sang des impuretés de notre alimentation, de notre consommation de médicaments ou de drogues.
[3] Les symptômes, rares, incluent : fatigue, léthargie (manque d’énergie), nausée, douleurs abdominales, appétit réduit, jaunisse (peau et blancs des yeux jaunâtres) et/ou urine foncée.
[4] Sérum : le sang, débarrassé d’agents anti-coagulants
[5] La fibrose est une lésion du tissu qui devient plus fibreux à mesure que meurent les cellules de l’organe. Dans le cas d’une fibrose du foie, le tissu perd de sa flexibilité, et perd aussi de sa fonction de filtrage du sang.
[6] La cirrhose se produit lorsque le foie se recouvre de fibroses, se décompose progressivement en se remplissant de tissu graisseux. Le foie perd toute fonction de filtrage du sang.
[7] Nosocomiale : attrapée à l’hôpital
[8] Marincovich, B., Castilla, J., Del Romero, J., García, S., Hernando, V., Raposo, M., & Rodríguez, C. (2003). Absence of hepatitis C virus transmission in a prospective cohort of heterosexual serodiscordant couples. Sexually Transmitted Infections, 79(2), 160 –162. doi:10.1136/sti.79.2.160
[9] Cairns, G. (2009) « Hepatitis C in HIV positive gay men : Amsterdam, Paris, New York and UK compared »
[10] Enquête sur transmission au sein de couples séro-discordants
[11] Stapelton, JT et al. (2011) « The GB viruses : a review and proposed classification of GBV-A, GBV-C (HGV), and GBV-D in genus Pegivirus within the family Flaviviridae » Journal of General Virology. February ; 92(Pt 2) : 233–246.
[12] Tillman HL et al. (2001) « Infection with GB virus C and reduced mortality among HIV-infected patients. » New England Journal Medicine, Sep 6 ;345(10):715-24.