DOSSIER THÉMATIQUE : TasP
Le concept de TasP, d’hier à aujourd’hui
D’accord, mais le TasP c’est quoi ?
TasP, c’est avant tout un acronyme en anglais qui signifie Treatment as Prevention, autrement dit en français : le traitement comme prévention.
C’est principalement un concept de santé publique qui désigne l’intérêt préventif du traitement antirétroviral des personnes séropositives comme mesure préventive de la transmission du VIH aux personnes séronégatives.
Les trois événements cités en tête du sommaire permettent de se faire une très bonne idée du concept et des principaux résultats de recherche qui sont liés à ce concept.
1. L’avis suisse (2008)
2. L’essai HPTN052 (2011)
En juillet 2015, le Pr. Myron Cohen a annoncé à la conférence de l’IAS à Vancouver que « quatre ans après les premiers résultats de l’étude qui avait montré que le traitement précoce réduisait de 96% les risques de transmission du VIH, les données finales du suivi de l’étude HPTN 052 sur le traitement en prévention n’ont indiqué aucune transmission à leurs partenaires des personnes dont la charge virale est entièrement contrôlée ».
3. L’étude PARTNER (2014)
La poursuite de cette étude a été rapportée dans nos colonnes le 31 décembre 2015 sous forme d’un article qui résume l’état des connaissances sur le risque de transmission et qui explique ce que l’on doit comprendre de la notion de risque zéro, nul ou négligeable. Son titre : Risque de transmission du VIH sous traitement antirétroviral.
Le point final de PARTNER a été présenté à la conférence AIDS 2018 à Amsterdam et nous l’avons simplement résumé dans une dépêche : Étude PARTNER 2, Suite et fin du 8 novembre 2018
La conclusion de l’étude PARTNER 2 ayant été publiée dans la célèbre revue scientifique « le Lancet », nous avons publié la dépêche de cette nouvelle le 26 juin 2019. Ces résultats confirment l’absence de transmission du VIH par les personnes séropositives sous traitement au sein des couples. Publication finale de PARTNER 2 dans le Lancet.
4. Les autres articles publiés sur TasP
Une équipe australienne s’est livrée à une modélisation afin de calculer le risque cumulé de transmission du VIH sur une longue période au sein de couples sérodifférents en cas d’abandon du préservatif, le partenaire séropositif présentant une charge virale indétectable. Les résultats sont loin de corroborer l’optimisme de l’avis suisse. Sur 10 000 couples, au bout de 10 ans, les chiffres sont : 215 séroconversions de femme à homme, 425 séroconversions d’homme à femme et 3524 d’homme à homme.
Y a t-il une relation mathématique entre la charge virale d’un groupe et le nombre de nouvelles contaminations dans ce groupe ? Et, par exemple, abaisser la charge virale à l’échelle d’une population implique t-il une baisse du nombre de nouvelles contaminations ?
Les mesures de charge virale communautaire, qui pourraient y répondre, se montrent sur certains aspects très insuffisantes.
Les traitements permettent, chez la plupart des individus infectés au VIH, de diminuer la charge virale dans le sang jusqu’à le rendre indétectable, réduisant ainsi fortement les risques de transmission du virus. Pourtant, ce n’est pas si simple : chez 10% des hommes séropositifs sous traitement, en présence – même asymptomatique – d’herpèsvirus et de CMV, la charge virale peut être indétectable dans le sang mais pas dans le sperme. Ce qui ouvrirait ainsi la porte à de possibles contaminations.
La comparaison des données et des réponses à l’infection à VIH entre deux villes très connues pour leur attrait dans le monde gay présentée par Colin S. Brown à la conférence de Melbourne dans la session « gays and other men who have sex with men » nous invite à revoir nos priorités en matière de prévention. Pourquoi San Francisco réussit mieux que Londres ?