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Enquête sur les modes de vie, la santé et les situations d’insécurité des LGBT

par | 02.12.2015

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L’Institut national d’études démographiques (Ined), établissement public à caractère scientifique et technologique, réalise actuellement une enquête quantitative sur les modes de vies, la santé et les situations d’insécurité des personnes en France. Celle-ci est menée auprès de 25 000 femmes et hommes, âgé-e-s de 20 à 69 ans.

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enquete mode de vie LGBT

Enquête sur les modes de vie, la santé et les situations d’insécurité des LGBT (Ined-LGBT)

Comment vivent les personnes LGBT ? Quelles sont leurs trajectoires conjugales et professionnelles ? Quels rapports entretiennent-elles avec leur famille, leurs collègues de travail ? Alors que les enquêtes sur les LGBT ont souvent pour point d’entrée la santé sexuelle ou les LGBTphobies, elles passent souvent sous silence les aspects plus ordinaires de la vie des lesbiennes, gays, bisexuel-le-s et trans. Ce sont aussi ces aspects qui sont au centre de l’enquête sur les modes de vie, la santé et les situations d’insécurité des LGBT.

Le volet internet d’une grande enquête statistique

L’Institut national d’études démographiques (Ined), établissement public à caractère scientifique et technologique, réalise actuellement une enquête quantitative sur les modes de vies, la santé et les situations d’insécurité des personnes en France. Celle-ci est menée auprès de 25 000 femmes et hommes, âgé-e-s de 20 à 69 ans.

L’enquête comprend un volet spécifiquement destiné aux populations homosexuelles, bisexuelles et trans. Il permettra de rendre compte de la diversité de leurs situations et de les comparer à celles de l’ensemble de la population interrogée par téléphone. Tout en restant attentif aux enjeux de santé, différents pour les lesbiennes, les gays, les bisexuel-le-s et les trans, et aux difficultés spécifiques auxquels les personnes LGBT sont confrontées, ce volet fournit de nombreuses informations sur leurs conditions de vie et leurs parcours scolaires, professionnels, familiaux.

Pour augmenter le nombre de répondant-e-s parmi les LGBT, un dispositif spécifique par internet, semblable à celui de l’enquête Presse gays et lesbiennes 2011 de l’Institut de Veille sanitaire, est mis en place afin de compléter l’échantillon représentatif collecté auprès de la population générale. Les LGBT consultant les sites internet (de rencontre, d’associations, d’informations pour les LGBT) sont invitées à répondre à l’enquête sur la base du volontariat.

Les questions abordées

Le questionnaire comprend plusieurs parties. Il renseigne en premier lieu sur la situation des enquêté-e-s : âge, origine sociale, parcours scolaire, professions, revenus, logement, expériences conjugales et sexuelles. Un ensemble de questions étudie ensuite l’état de santé. Le questionnaire se poursuit sur les relations entre personnes dans divers espaces de vie, variables selon la situation du/de la répondant-e : les études, le travail, l’espace public, le couple, la famille. Dans ces espaces, l’accent est mis sur les sentiments de malaise, les insultes, les agressions qu’ont pu subir les personnes au cours des 12 derniers mois notamment. Une dernière partie renseigne sur ces expériences au cours de la vie entière.

Santé, LGBTphobies : des questions spécifiques pour les LGBT

Si l’enquête donne de nombreux renseignements sur les expériences ordinaires des LGBT, elle permet également de comprendre les expériences spécifiques auxquelles ces personnes sont confrontées, du point de vue de la santé et des LGBTphobies en particulier, tout en restant comparable avec les réponses des personnes hétérosexuelles. D’une part, l’enquête recueille plusieurs informations pour définir les orientations sexuelles : les attirances avec des personnes de même sexe, l’âge au premier rapport sexuel, le sexe du premier partenaire, l’âge au premier rapport avec un partenaire de même sexe, le nombre de partenaires (de chacun des deux sexes) au cours de la vie et dans les douze derniers mois, l’identité sexuelle (lesbienne, gay, bisexuelle), mais aussi l’identité de genre (transidentité…).

Un ensemble de questions est spécifiquement adressé aux personnes qui se déclarent homosexuelles ou bisexuelles. Elles concernent l’âge de prise de conscience de l’attirance pour le même sexe, de déclaration de son orientation sexuelle auprès des divers membres de la famille et de l’entourage, ainsi que sa connaissance par les proches et les collègues de travail et l’âge au premier rapport homosexuel. L’acceptation de l’orientation sexuelle et son évolution sont également renseignées. Une partie dédiée aux personnes trans donne quelques éléments sur leur parcours de transition et met ainsi en lumière les expériences spécifiques qui peuvent y être liées. Ces éléments permettent de prendre en compte les dimensions physique et symbolique de la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie, celles-ci relevant souvent de rappels à l’ordre plus ou moins explicites qui contribuent à maintenir les LGBT dans une situation d’anormalité. Le questionnaire comporte des indicateurs de santé classiques comme les addictions (alcool, drogues dures, médicaments et produits psychoactifs), la santé sexuelle (infections sexuellement transmissibles, contraception, le nombre d’IVG), la santé mentale (tentatives de suicides, épisodes dépressifs majeurs, troubles du sommeil). Ils permettent également d’éclairer les évolutions récentes des infections sexuellement transmissibles chez les gays, bis et trans dont on sait qu’elles sont préoccupantes.

Enfin le questionnaire enregistre les différentes formes d’agression qui créent des situations d’insécurité et de vulnérabilité pour les LGBT. Les débats autour du mariage pour toutes et tous ont abouti à une avancée des droits, ils ont aussi favorisé une recrudescence des LGBTphobies. 1 2 Si les rapports annuels de SOS homophobie ainsi que sa dernière enquête sur la lesbophobie donnent une idée de l’ampleur de ces violences, les enquêtes représentatives en population générale sont peu nombreuses. L’enquête de l’Ined sur les modes de vie, la santé et les situations d’insécurité des LGBT permet de compter les insultes, harcèlements, licenciements abusifs, agressions physiques et sexuelles dans toutes les sphères de la vie. Elles renseignent précisément sur les contextes des faits, et sur les auteurs, qu’ils et elles soient connu-e-s ou inconnu-e-s.

Qui est concerné ?

L’enquête concerne toutes les personnes LGBT âgées de 18 ans et plus : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes, toute personne se définissant comme lesbienne, gay, bisexuelle, et/ou trans. Toutes les situations doivent être prises en compte pour refléter la diversité des LGBT. Pour la richesse et la qualité des résultats, la participation de toutes et de tous est donc importante.

La diversité des informations collectées explique la durée de remplissage du questionnaire : une quarantaine de minutes en moyenne. Cette durée est essentielle pour recueillir avec précision les informations nécessaires et assurer la qualité scientifique de l’enquête. Le questionnaire peut-être rempli en plusieurs fois, par l’utilisation d’un mot de passe (qui garantit par ailleurs la parfaite confidentialité des réponses apportées).

Qui réalise cette enquête ?

L’Ined est un organisme de recherche public, tel le CNRS, qui étudie la population de la France et des autres pays. Il est spécialisé dans la production de grandes enquêtes de recherche, dont les résultats statistiques sont diffusés auprès du grand public, des institutions de l’État et des autres acteurs et actrices de la société civile : associations, syndicats, journalistes… Ces 4 recherches portent notamment sur le genre, la sexualité, la conjugalité.

L’équipe de recherche de cette enquête de l’Ined sur les modes de vies, la santé et les situations d’insécurité des LGBT est composée de 23 chercheur-e-s, sociologues, démographes, statisticien-ne-s, psychologues, juristes, spécialistes des questions de genre, de violences liées au genre, de famille, de jeunesse, de sexualité et de santé. Elles et ils font partie des divers instituts de recherche, universités et administrations et sont appuyé-e-s par le Service des enquêtes de l’Ined.

Confidentialité et anonymat

Les données recueillies sont traitées de manière anonyme et confidentielle, conformément à la loi informatique et libertés. Cette enquête est reconnue d’intérêt général par le Conseil national de l’information statistique (CNIS : avis du 19/12/2013, n°21/H30) ; elle a reçu l’autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL : délibération 2014-125 du 3 avril 2014).

Qui finance cette enquête ?

L’enquête est financée par des institutions publiques, parmi lesquelles le Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, le Défenseur des droits, l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), l’Institut nationale de prévention et de l’éducation pour la santé (INPES), ainsi que des collectivités locales comme la région Île-de- France, mais aussi des départements.

Le comité d’orientation de l’enquête est une instance d’informations et d’échanges qui participe à la bonne continuité du projet. Il est entre autre composé des financeurs, de personnalités scientifiques, d’institutions publiques, telles le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), et d’associations, dont SOS homophobie et FLAG ! qui depuis des années ont été des actrices majeures de la production de données statistiques sur les agressions LGBTphobes.

Calendrier de l’enquête

Le questionnaire internet sur lequel les LGBT pourront répondre à l’enquête sera actif de novembre 2015 à mars 2016 environ.

Les premiers résultats de l’enquête seront disponibles en 2017. Ils prendront la forme d’un rapport et d’articles dans des revues scientifiques. Des présentations auprès des associations et de la presse LGBT seront régulièrement réalisées. Ces données permettront finalement, par une compréhension fine des expériences et des trajectoires des LGBT, de mettre en place des politiques publiques répondant aux vulnérabilités qui les touchent.