Dans son édition du 15 juin 2019, la revue « The Lancet » a publié l’article de résultat final de l’étude PARTNER 2.
Intitulé « Risque de transmission du VIH par relations sexuelles sans préservatif au sein de couples gays sérodifférents lorsque le partenaire VIH-positif suit une thérapie antirétrovirale suppressive (PARTNER) : résultats finaux d’une étude observationnelle, prospective et multicentrique », cette publication détaille bien ce point final de l’étude dont nous relatons l’essentiel du résumé.
Méthode
L’étude PARTNER a été menée dans 75 sites d’étude de 14 pays européens. La première phase, PARTNER 1 (15 septembre 2010 au 31 mai 2014) a porté sur des couples sérodifférents (le partenaire séropositif étant sous traitement antirétroviral suppressif) aussi bien hétérosexuels que gays. Ils déclaraient tous avoir des relations sexuelles sans préservatif. La deuxième phase, PARTNER 2 (jusqu’au 30 avril 2018), est une extension destinée à recruter et suivre des couples gays seulement.
Le suivi dans l’étude a consisté à recueillir aux visites prévues des données socio-comportementales incluant un suivi du comportement sexuel, à dépister le partenaire séronégatif pour le VIH et à mesurer la charge virale du partenaire séropositif. En cas de séroconversion, un test phylogénétique a été fait afin de savoir dans quelle mesure le virus de la personne nouvellement contaminée était génétiquement lié à celui de son ou sa partenaire.
Sur ces bases, l’étude recense le nombre d’années de suivi de couple au cours desquelles le couple a pratiqué des relations sexuelles sans préservatif, le/la partenaire séropositif avait une charge virale VIH en dessous du seuil de 200 copies/ml, le/la partenaire séronégatif n’avait pas utilisé de PrEP ni de TPE. L’incidence de la transmission du VIH est le nombre de séroconversions survenues dans le temps de suivi et dont le virus est génétiquement lié entre les partenaires du couple.
Résultats
Entre le 15 septembre 2010 et le 31 juillet 2017, 972 couples gays ont été recrutés et leur suivi a permis de cumuler 1593 années-couple avec un suivi médian de 2 ans. Au départ, l’âge moyen du séropositif était de 40 ans et les couples déclaraient avoir eu en moyenne 1 an de relations sexuelles sans préservatif. Durant le suivi comptabilisé les partenaires ont rapporté avoir eu 76088 relations sexuelles anales et 288 sur 777 partenaires séronégatifs ont déclaré avoir eu des relations sexuelles sans préservatif en dehors de leur couple dont il résulte 15 séroconversions qui ne sont pas génétiquement liées au partenaire.
Ainsi le taux de transmission du VIH entre partenaires sérodifférents à l’issue de l’étude PARTNER est de ZERO (intervalle de confiance statistique à 95% : 0-23 pour cent couple-année)
Interprétation
Ce résultat montre un niveau de preuve que la suppression virale n’engendre pas de risque de transmission du VIH au sein des couples sérodifférents gays équivalent à ce qui avait été montré pour les couples hétérosexuels.
Cela autorise à considérer que le risque de transmission du VIH entre partenaire séropositif dont la charge virale est virologiquement supprimée et un partenaire séronégatif est nul. Ces découvertes renforcent le soutien au message de la campagne « INDÉTECTABLE = INTRANSMISSIBLE » et l’intérêt d’un dépistage et d’un traitement précoce de l’infection à VIH.
Dans le développement de l’article, les auteurs insistent sur la signification de l’intervalle de confiance du résultat en précisant que 0-23 pour cent couple année pour le sexe anal est équivalent à une transmission en 435 ans de relations sexuelles sans préservatif.